lundi 14 septembre 2015

Charlène de la machine à laver et... deux femmes, deux passés

[Réponse à une internaute, Hélène, qui observe objectivement que la mère de Bastien -l'enfant que son père a tué en le mettant dans une machine à laver en mode essoreuse pendant que la mère faisait un puzzle- est une victime. Suite d'un débat sur la toile dans lequel je m'oppose à certaines féministes qui défendent la mère -au départ sans avoir réellement d'informations-.. Hard. ]

Oui Hélène mais le problème est là : une victime est parfois aussi un bourreau ou une bourrelle, des victimes innocentes, c'est souvent une vue de l'esprit. Et à un moment il faut. .. comment dire? Choisir, faire la part des choses.

1 Nous ne sommes pas égaux/égales devant les drames et les aléas de la vie
2 et évidemment nous n'avons pas subi les mêmes. Le coup de pot ou de malchance.

Mais il y a aussi un élément personnel qui nous a fondés à réagir d'une manière ou d'une autre et il est indéniable que certains réagissent "bien" et d'autres mal et surtout on va du zéro à l'infini.

De quoi cela dépend-il ? Mystère de l'âme humaine? On peut tout de même invoquer une certaine force, intelligence, habitude, débrouillardise*, et aussi des facteurs souterrains ignorés même de soi. On croit parfois que deux situations sont identiques et elles ne le sont pas. Prenons exemple d'un rejet drastique de la part des parents. L'un coule à pic, alcool, drogue... l'autre résiste magnifiquement .. Plus fort? Pas sûr. Souvent parce qu'il y a eu dans son passé un élément différent inaperçu, parfois infime en apparence qui l'a sorti du drame avant qu'il ne plonge ET IL EN FAUT PEU : un/e voisin/e compatissant/e ou juste témoin, une grand mère qui avait tout compris, une employée de maison, une institutrice valorisante, un chauffeur de car, un garçon de café, un/e ami/e ou même un animal recueilli ..  qui ont tout changé sans s'en rendre compte eux-mêmes. Cela hélas joue dans les deux sens.)

*Exemple, voici que surgit un "épisode cévenol" en ce moment même; qu'à cela ne tienne, j'ai démarré la voiture pleine d'eau -fenêtre oubliées ouvertes!- et suis parvenue sans encombre chez moi sous des trombes -où je continue mon article- tandis que des touristes s'effrayaient pour moi.. ici, c'est l'habitude qui fait "bien" réagir, sans s'affoler.. 
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Ceci étant, il reste que nous réagissons différemment... et parfois miraculeusement, là aussi dans les deux sens. Parce que parfois notre soi disant  "réaction" n'a en fait rien à voir avec notre passé. On confond succession et cause.

C'est souvent après coup, lorsqu'un geste atroce interpelle qu'on cherche (et modifie parfois) des éléments dans la vie du criminel l'expliquant, (le justifiant? Parfois certain/es vont jusque là).
Or des éléments, iI y en a évidemment, il y en a toujours. Mais sont-ils signifiants ? Ne leur accorde-t-on pas une importante controuvée ? Pour les besoins de la cause ? C'est comme en médecine lorsque le diagnostic de la maladie est posé, tous les symptômes qui seraient passés inaperçus surgissent d'eux-mêmes et paraissent significatifs (y compris s'ils ne le sont pas!)

A contrario si tout va bien, qui va chercher dans un passé (quelqu'il soit !) des éléments qui pourraient expliquer un crime ou un délit.. qui n'a pas eu lieu pas? Voici deux exemples révélateurs opposés.
On sait beaucoup sur la mère de Bastien (famille nombreuse, placements, mais soudés pourtant, picole par ci, torgnoles par là .. obésité congénitale, moqueries à  l'école. Et voilà! on a trouvé. C'est cela. Euréka. La moquerie, l'isolement. Ça explique croit-on. Voire ! Tout se passe comme si on refusait de toutes nos fibres la notion de mal, de perversité, de désamour d'une mère pour son enfant.. il faut une cause extraordinaire et si besoin on la crée. Une pathologie. Féminisme oblige, on cherche encore plus lorsqu'il s'agit d'une femme. Et machisme oblige, on la dézingue encore plus etc..

Mais il est des cas au contraire où on ne cherche pas. C'est inutile. Puisque tout va bien. Et voici l'autre exemple sous forme de devinette. Que penseriez-vous d'une femme dont le père, malade mental, jaloux paranoïaque et hyper violent, à tué la mère alors qu'elle était âgée de trois ans?.. qui ensuite a longtemps été rejetée par celui-ci jusqu'aux privations extrêmes?.. qui a enfin subi à douze ans une ou des agressions sexuelles hyper violentes et sans doute des viols de la part de son beau-père, avec la complicité de sa belle-mère -qui lui avait servi de mère !- sous influence (pour garder un mari volage, celle-ci aurait volontiers souhaité que l'adolescente devinsse sa maîtresse) ?... dont enfin, pour clore la série, la sœur aînée, (elle aussi déséquilibrée comme leur père) a tenté de la tuer lorsqu'elle avait 18 ans ?... (on peut difficilement imaginer pire, à coté, la petite Charline-de la machine à laver-, son obésité, quelques picoles voire torgnoles paternelles et placements, c'est peau de balle.)
Alors notre inconnue ? suicidée ? malade psychique? prostituée ? truande serial meurtrière? Alcoolique droguée? Non. 

C'est la reine Elisabeth d'Angleterre (dite la "grande") dont je viens brièvement de retracer ici la jeunesse* (!!)
..
 [Elizabeth qui rétablit la paix dans un pays saigné par les guerres de religion et défit l'invincible armada de Philippe II décidé à envahir l'île pour y rétablir le catholicisme de l'inquisition et des bûchers dont il était un fan.]
Note : quand je parle d'une agression sexuelle hyper violente, c'est bien le cas : Seymour l'a déshabillée.. à la pointe de son épée (!) déchirant sa lourde robe sans la blesser (terrorisée, elle ne bougeait pas) pendant que Catherine Parr -qui s'en était pourtant occupée avec amour- riait, admirant l'adresse de son mari.]

Alors, imaginez qu'on intervertisse les passés des deux femmes. Si Elisabeth avait eu celui de Charline de la machine à laver, on n'en parlerait pas puisque même du sien, pas banal et pire, on ne parle presque jamais : il n'y a pas lieu. Unanimement louée.
Mais par contre si Charline-de la machine à  laver avait eu celui d'Elisabeth, elle eût certainement été acquittée avec félicitations du jury.

* La fille unique d'Henry VIII et d'Anne Boleyn

Le dossier

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