Victimes et proches... éloignés, le problème, lettre à Nathan
[Contexte : un appel téléphonique d'un ex après une exposition qu'il a réalisée de ses œuvres (?) à Ivry.]
"Le ton dont tu uses envers moi est celui de tous ceux qui se savent impuissants (il est vrai que ce n'est pas leur faute) et, agacés, veulent masquer leur impuissance par une sorte de distance indifférente exprimée par une doctalité parfois absurde envers les victimes sur le mode du "taka" ou "tu ne risques plus rien la nuit, voyons, voyons..." (!) ... ce qui renforce leur impression de solitude (c'est toujours après ces conversations que je me sens le plus mal et ça dure longtemps.)
Tu dis m'aimer passionnément mais dans les cas graves (et ici c'en est un) te montres, ici du moins, incapable de la simple empathie active, fût-elle superficielle et naïve que tous ou presque manifestent envers moi, (sauf les responsables du moins certains) : nous évoluons à présent dans deux univers totalement différents qui ne se rencontrent plus. Sens-tu ce qu'il peut y avoir de décalé à t'entendre rire et discuter avec un pote pendant que je te parle (et c'est toi qui m'as appelée) ou me demander si j'ai vu les photos de ton expo... quand je suis dans l'état (facile à imaginer? Il faut croire que non) de quelqu'une qui a été shootée, qui ignore par qui et surtout qui se fait mener en bateau par tous ceux censés garantir sa sécurité comme celle de tous? Tu m'appelles entre deux mondanités, dans le métro (ça passe mal) ou dans la rue avant d'arriver chez toi et je sens pertinemment ton agacement monter lorsque cela dure : tu es arrivé et il te tarde d'être sur un bon canapé au chaud avec Cathy qui sans doute t'attend.
Tu dis m'aimer passionnément mais dans les cas graves (et ici c'en est un) te montres, ici du moins, incapable de la simple empathie active, fût-elle superficielle et naïve que tous ou presque manifestent envers moi, (sauf les responsables du moins certains) : nous évoluons à présent dans deux univers totalement différents qui ne se rencontrent plus. Sens-tu ce qu'il peut y avoir de décalé à t'entendre rire et discuter avec un pote pendant que je te parle (et c'est toi qui m'as appelée) ou me demander si j'ai vu les photos de ton expo... quand je suis dans l'état (facile à imaginer? Il faut croire que non) de quelqu'une qui a été shootée, qui ignore par qui et surtout qui se fait mener en bateau par tous ceux censés garantir sa sécurité comme celle de tous? Tu m'appelles entre deux mondanités, dans le métro (ça passe mal) ou dans la rue avant d'arriver chez toi et je sens pertinemment ton agacement monter lorsque cela dure : tu es arrivé et il te tarde d'être sur un bon canapé au chaud avec Cathy qui sans doute t'attend.
Je ne suis plus pour toi que l'obstacle imprévu (!) à tes projets, et sans doute comme telle un peu haïe, du moins de temps en temps.
Question. Qu'avons nous fait tous deux ensemble? Bizarre. Reste à présent de toi l'apyre, ce personnage parfois agréable mais toujours glacé et futile à la fois qui me blesse et que je blesse aussi mais que par habitude j'appelle pourtant... enfin, quand je reçois une balle ou que mon bridge lâche... (ce qui est tout de même assez peu fréquent) et qui parfois répond. Parfois non. Et vice versa.
Il est vrai que l'exaspération reliée au stress ne rend souvent pas sympathiques les victimes et qu'elles ne sont pas toutes, selon le schéma de roman rose, "innocentes". Mais il est vrai aussi qu'entendre "tu ne risques rien maintenant, c'est la nuit" (!!) de la part d'un homme autrefois aimé qui a partagé trente ans ma vie avec qui j'ai eu mes deux enfants, qui lui se trouve en sécurité à Paris, devant son appartement dans lequel il lui tarde d'entrer se reposer après une exposition à succès... lorsque je me trouve, moi, à dix heures du soir dans un lieu absolument désert, devant mon portail, sans savoir qui a (éventuellement?) tenté de m'avoir (?) ou pas... cela met les nerfs à vif.
Le dossier
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire