jeudi 8 octobre 2015

Récurrences, les allergies à l'amour



Voir et savoir

Avant je "savais" Catherine,
Mais c'était théorique.
Toi et moi formions toujours un couple,
Une entité indissociable,
Éternelle.
Même si nous ne nous voyions plus.
Une vérité révélée,
Aussi réelle que cette bouteille de gaz devant moi..

Elle n'y était plus, mais je la voyais toujours.
Je l'allumais tous les matins pour faire mon café,
Elle était là, rassurante.. pérenne.

Et soudain, vous voir ensemble,
Fut comme si la bouteille de gaz
S'était volatilisée ; pire :
A sa place, il y avait... mettons un chat...
Elle ne pouvait donc plus être là.
Géométrique !
(Et je ne pouvais plus l'allumer pour faire mon café).
Il me fallait aller chercher du bois.

Mais par la suite, si par hasard
La bouteille de gaz (ou sa recharge) là,
Est revenue, de nouveau à sa place,
JE VOIS TOUJOURS UN CHAT !
Et ne l'allume pas. C'est fini
De ma certitude perenne.
Il me faut  aller chercher du bois..
Pour le feu.

Cela vaut pour tous les abandons.
(Sans doute plus violent
Lorsqu'il y eût plusieurs dans l'enfance...)
Allergies : on est sensibilisé,
Aguerris, nos leucocytes, "formés"
Pour un plan d'attaque immédiat,
Dès l'alerte, même minime,
Lâchent immédiatement leurs anticorps pré moulés,
Armés, entraînés, prêts au combat..
(Parfois, il n'y a même pas d'attaque!)
Et héroïques, se détruisant en même temps que l'antigène.
Le baiser de la mort.

Réflexe biologique conditionné
Pour éviter, dévier, transformer, amoindrir et catharsiser la peine,
Qui devient celle du vide
(Fût-il étendu à tort), et non de l'amour brisé ;
Libératrice et non torturante. Méliorative et non avilissante,
Ou un peu les deux à la fois,
(Diminuante aussi.)

Mais ça peut jouer dans l'autre sens.. ou se répéter :
Quand j'ai vu Léonie à l'aéroport,
Il y a si longtemps ! sa haine implacable,
Sous ses gros yeux malveillants
(Peut-être voyait-elle aussi  .. etc..)
J'ai vu un chat, non, un tigre à la place de la bouteille de gaz..
Je ne m'en suis pas aperçue..
Je n'ai pas VOULU, c'était ta mère
Et il y avait 3000 kilomètres entre nous..
Un mauvais moment à passer..
Un soir j'ai bu à tomber, t'en souviens -tu ?
Et volé un bouteille au café- restaurant..
Où pendant deux heures j'avais entendu rire sans rien comprendre,
Pour continuer arrivée chez toi..
Je n'ai pas pu : je me suis effondrée sur le lit.

C'est peut-être cela qu'on appelle l'amour?
Ou la négation de sa perte? Ou la lâcheté?
(Ou le vouloir vivre irrationnel?
L'instinct biologique qui nous fonde à la reproduction?)

La suite s'enchaîne..
Et finit avec la douce Cathy
Un simple artefact que j'ai blessé
A sa place.
Un chat, un simple petit chat, c'est plus facile, évidemment.
J'ai honte, une tache sur une sainte immaculée.

J'ai eu trois usurpateurs remplacants
De ma bouteille de gaz :
Le premier était un dinosaure, en excellente santé..
(et celui-là, j'étais censée l'aimer, ce qui aggrave.)
Le second, un vieux tigre malade,
A la rigueur je pouvais le combattre
(Mais tu étais censé l'aimer, ce qui complique.)
Le troisième, un simple minou
("Pourquoi pas" est sa devise)
Je m'améliore tout le temps !

Mais celui-là, lucide enfin, je le laisse :
Injuste et stupide de faire payer,
A un tigre fatigué, les plaies ouvertes par un dinosaure,
(Mais le vieux félin avait tout de même sa meute..)
Et à un gentil minou, celles de deux panthères embusquées..
Je vis après tout... et les chiens (et tant d'autres)
Comptent sur moi..
Je n'irai plus chercher du bois.
Je n'en ai plus besoin.
---------
{Un homme m'a comprise, joie..
Beau. Que je ne connaissais pas.
Diligent, détaché, ironique aussi :
"Vous me rappelez Giscard et son accordéon chez des proles..."
(J'aurais préféré Flora -Tristan- ou Cayetana,
La Duchesse aux pieds nus.
La maja de Goya, ce qui m'a déjà été dit)..
Mais bon... Touchée tout de même.}
Non je n'irai plus chercher du bois.



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