vendredi 9 octobre 2015

Le chat et la bouteille de gaz ou naissance de Catherine, de Léonie et de Jean !!



Voir et savoir

Avant je "savais" Catherine,
Mais c'était théorique.
Toi et moi formions un couple,
Une entité indissociable,
Éternelle.
Même si nous ne nous voyions plus.
Une vérité révélée,
Aussi réelle que cette bouteille de gaz devant moi..

Elle n'y était plus, mais je la voyais tout de même,
Je l'allumais tous les matins pour faire mon café,
Elle était là, rassurante.. pérenne.

Et soudain, vous voir ensemble,
Fut comme si la bouteille de gaz
S'était volatilisée ; pire :
A sa place, il y avait... mettons un chat...
Elle ne pouvait donc plus être là.
Géométrique !
(Et je ne pouvais plus l'allumer pour faire mon café).
Il me fallait aller chercher du bois.

Mais ensuite, si par hasard
La bouteille de gaz (ou sa recharge)
Revenue, de nouveau à sa place,
Trônait devant moi,
JE VOYAIS TOUJOURS UN CHAT !
(Et ne l'allumais pas.) C'en était fini
De ma certitude perenne.

C'est ainsi :
Il me faut toujours aller chercher du bois..
Pour le feu.

Cela vaut pour tous les abandons.
(Sans doute plus violent
S'il y en a eu plusieurs précoces.)
Comme pour les allergies, sensibilisés, aguerris, nos leucocytes, formés
Pour un plan d'attaque immédiat,
Dès l'alerte, même minime,
Lâchent immédiatement leurs anticorps pré moulés,
Armés, entraînés, prêts au combat..
(Parfois, il n'y a même pas d'attaque!)
Qui héroïques, se détruisent en même temps que l'antigène
Pour sauver le corps qu'ils servent :
Le baiser de la mort.

C'est ainsi qu'on cesse d'aimer.
Réflexe biologique conditionné,
Pour éviter, dévier, transformer, amoindrir et catharsiser la peine,
Qui devient celle du vide
(Fût-il étendu à tort), et non de l'amour brisé ;
Libératrice et non torturante. Méliorative et non avilissante,
Ou les deux à la fois,
(Diminuante aussi.)

Et ça se répète toujours.
Quand j'ai vu Léonie à l'aéroport,
Il y a si longtemps ! sa haine implacable,
Sous ses gros yeux malveillants
(Sans doute elle aussi voyait-elle etc..)
J'ai vu un chat, non, un tigre à la place de la bouteille de gaz..
Je ne m'en suis pas aperçue..
Je n'ai pas VOULU, c'était ta mère
Et il y avait 3000 kilomètres entre nous..
Un mauvais moment à passer..
Un soir j'ai bu à tomber, t'en souviens -tu ?
Et volé un bouteille au café- restaurant..
Où pendant deux heures j'avais entendu rire sans rien comprendre,
Pour continuer arrivée chez toi..
Je n'ai pas pu : je me suis effondrée sur le lit.
C'était voulu, je ne l'ai pas vu. L'inverse de paranoïaque ..
C'est...? C'est imbécillité..

C'est peut-être cela qu'on appelle l'amour?
Ou la négation de sa limite? De sa perte? Du laid ?
Ou la lâcheté? la paresse?
(Le vouloir-vivre irrationnel?
L'instinct biologique qui nous fonde à la reproduction?)
Heureusement puisqu'en effet il y eût Frédéri..

La suite s'enchaîne..
Et finit avec la douce Cathy,
Simple artefact que j'ai blessé
A sa place.
Un chat, un simple petit chat, c'est plus facile, évidemment.
J'ai honte, une tache sur une immaculée,
Je ne serai donc pas canonisée !

J'ai eu trois remplaçants de ma bouteille de gaz
Le premier était un dinosaure, en excellente santé, beau..
(et celui-là, j'étais censée l'aimer, ce qui aggrave.)
Le second, une vieille tigresse malade,
A la rigueur je pouvais combattre
(Mais tu étais censé l'aimer, ce qui complique.)
Le troisième, un simple minou
("Pourquoi pas" est sa devise)
Je m'améliore.

Et, lucide enfin, celui-là, je le laisse :
Injuste et cruel de faire payer,
A une tigresse épuisée, les déchirures d'un dinosaure,
(Quoique le félin avait sa meute!)
Et à un pauvre minou effaré, celles de deux panthères embusquées..
Je vis après tout... et les chiens (et tant d'autres)
Comptent sur moi..
Je n'irai plus chercher du bois!
Je n'en ai plus besoin.
---------
Un homme m'a comprise.. joie.
Beau. Que je ne connaissais pas:
"Vous me rappelez Giscard et son accordéon chez des prolos..."
J'aurais préféré Flora ou Cayetana,
La "maja" de Goya (la duchesse aux pieds nus).
Mais bon... Touchée tout de même. Me connait-il d'instinct?
Sait-il qu'en moi, des gènes opposés se combattent?
Et parfois s'entr'aident?
Non je n'irai plus chercher du bois.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire