A l'origine, il y a Marguerite, une femme d'exception.. qui eut deux enfants : une fille aînée, préférée dit-on, (ma mère), et un fils ensuite, plus fragile .. puis deux petits-enfants : moi, aînée (fille de sa fille) préférée dit-on ! et mon cousin, fils de son fils, plus jeune, plus fragile également.
Mais l'affaire commence et remonte en fait en 1945. La guerre est finie, mais certains manquent à l'appel. Ma mère et mon oncle ont 20-26 ans. Une réponse de ma mère (dont le fiancé est mort sous la torture) ... qui claque sec
Le ver dans le fruit ronge ... nidifie ... et recrute .. Ça va, ça vient ... car par ailleurs je (Léna) suis aimée semble-t-il .. (née après l'histoire -en 48-, je ne suis pas "responsable" .. mais petit à petit, par la suite, je le deviendrai!!) Phénomène étrange que celui de l'oubli intermittent et sélectif.. qui devient parfois définitif.
Ça va se compliquer avec des collatéraux recrutés.
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.. et ça marche ! ça flambe... sauf que la haine qui pour Josette concernait essentiellement Lydie, chez Gilberte, (sa bru, la femme-support de son transfert), va s'accrocher à Léna, plus facile à atteindre. (Josette finira par suivre le mouvement ?) Métastases renforcées. Et Gilberte, un peu dépassée par la charge à porter, va à son tour s'aider (se servir) de sa fille (Léna est un assez gros morceau..)
Allusions sordides, réitérées, à demi.. ça marche même du feu de Dieu ! Accusations non formulées... sous entendues, pires que si elles l'étaient (d'inceste).. |
Contre Léna (plus facile que Lydie mais tout de même un morceau) il faut recruter : les enfants sont là pour ça. Porte gonfalons de causes parfois abjectes dont ils ignorent tout, mais innocents. C'est l'idéal. Qu'on les utilise et qu'on obère en partie leur existence future n'est pas perçu ou passé au second rang : seule importe la haine à assouvir, impossible si ce n'est par un/e séide interposé/e, une enfant... même si c'est celle-ci qui in fine le paiera. Ainsi créé-t-on des ratages, des complexes, des névroses, des angoisses, des solitudes, des haines inappropriées -par exemple pour qui ne le mérite pas, au contraire, et parfois vice versa !- ; (on dit l'éducation ou les habitus inculqués). Certains enfants sont utilisés par leur parents (surtout dans des milieux où ceux-ci n'ont pu réaliser leurs talents..) comme char d'assaut, portant et étant censés pallier haut la main toutes leurs frustrations, leurs humiliations, leurs ratages, leurs drames, voir ici "le complexe de Stockholm". http://femmesavenir.blogspot.fr/2011/08/le-syndrome-de-s.html Ça se poursuit donc et s'enfle avec d'autres acteurs au casting plus rudes .. à l'infini. Un besoin de haïr? (Léna est belle, cultivée et d'un milieu idoine, pas Gilberte.) Un manque de discernement (pour ce qui est de Sonia, la jeune recrutée, sous l'emprise de sa mère?) |
C'est donc l'histoire d'une haine issue d'un très ancien passé -la guerre de 40- ... d'une femme contre sa belle-sœur (la Sultane de la famille) ... haine ensuite "oubliée" (ou plus exactement mise en stand by, le personnage étant hors d'atteinte) pendant toute une vie (anniversaires, fêtes, cadeaux, une famille normale, chaleureuse.. 65 ans).. et qui éclata enfin juste après la mort de l'objet haï (la Sultane) ... contre sa fille (moi). La mort de ma mère tout ce temps haïe avait été saluée par une fête nocturne bruyante dans un jardin jouxtant le mien.. afin que je ne perdisse rien cette nuit-là des éclats de rires et joyeuses blagues de convives un peu éméchés (dont la plupart ignoraient sans doute tout, à quoi bon les avertir, ça aurait troublé l'ambiance), la "Garden party" version cévennes.. (au 19 ième siècle, en Angleterre, une "garden party" chic est prévue dans un manoir campagnard, les invités, des hobereaux de la région, sont attendus dans une effervescence joyeuse... lorsque la jeune fille de la maison s'aperçoit que, juste à coté du cottage où la fête est prévue, la famille d'un jeune ouvrier agricole qui vient d'être tué dans un accident de moissonnage (notamment sa femme qui vient d'avoir un bébé) veille le corps .. Que faire ? Dans quelques heures la fête va tout envahir devant la masure endeuillée, dispute entre la jeune fille et sa mère qui refuse d'annuler, trop tard pour prévenir les invités en route.. (A leur décharge, ils n'avaient pas de portable, eux ! )
La haine fut ensuite répercutée (et démultipliée) sur et par des "innocent/es" (les collatéraux et leurs enfants) ... mais des innocents qui, épousant la Cause cachée mais consensuelle (Josette) puis Gilberte-Sonia en ricochet .. à savoir qu'ils avaient été honteusement mis à l'écart et défavorisés -quant à l'héritage- par l'aïeule circonvenue ou injuste, préférant sa fille... des innocents qui devinrent immédiatement coupables et souvent plus virulents que leurs parents (remontés qu'ils furent comme des horloges à longueur d'années) jusqu'au clash final (une intrusion violente dans mon domicile (traumatisée, je partis un an et demi loin de ces cieux troublés)...
Oui, famille, je vous hais.
Quand les causes d'une haine sont inavouables et elles le sont bien souvent... on leur en INVENTE D'AUTRES (y compris à soi-même, d'où l'expression SE MENTIR !) Ici Josette ne peut pas dire "je hais Lydie parce qu'elle m'a dénoncée auprès de son frère comme amie d'une collabo" (EXACT) ou pire "je hais Lena parce que je haissais Lydie (sa mère) et que je n'ai rien pu (ou rien voulu) faire contre elle, pour moi hors d'atteinte"..
Josette préférera {plus soft que Gilberte comme on va voir plus loin, (les séides sont toujours plus cruels que leurs donneurs d'ordre)} ... elle préfèrera dire : "je hais Léna (et/ou Lydie) parce qu'elle a été favorisée par sa mère dans la répartition des biens familiaux".. ce qui est ou lui semble plus tolérable et met (peut être ?) le public dans son camp : l'amie collabo est loin et ne reviendra jamais, trop heureuse d'avoir échappé au peloton.. et de toutes manières on parle peu de ces choses ("le passé est le passé") jusqu'à les faire réellement disparaître !!! Tandis que la terre et la maison familiale échue à Léna sont là, bien visibles.. objets de tous les prétextes de haine ..
De même, Gilberte ne peut avouer "je hais Léna parce que Josette (ma belle-mère) la hait et qu'il sied de suivre le mouvement voire de l'accentuer si je veux me faire bien voir de ma belle-mère fortunée et généreuse.." donc elle en rajoute et invente -mais ici, du pire-. ("Je la hais parce qu'elle a des relations incestueuses avec son frère putatif -mon mari-..") on invente du pire. Pistes brouillées pour la victime.
Idem, Sonia -fille de Gilberte- qui semble avoir été élevée dans la religion "Lydie est une .. (mettons) profiteuse, autoritaire etc... donc sa fille aussi... et en plus, (ça, c'est sa propre touche !) accusation d'inceste".. Sonia ne peut-elle avouer (quelles que soient l'énormité des accusations) "je la hais parce que ma mère la hait"... mais reprend à son compte (en aggravant encore les charges!) les chefs d'inculpation de Gilberte... qui elle-même à repris (en les adaptant à son intérêt) ceux de Josette... contre Lydie.
Ici, le cas est emblématique et extraordinaire (d'où l'intérêt de cette analyse décortiquée) parce que (par miracle) j'ai su, j'ai pu violer l'omerta (en écoutant Margot et Josée lorsqu'elles parlaient en patois!!) donc je SAVAIS l'origine de la géométrie !! ce qui est peu fréquent voire n'arrive jamais. En général ces choses, ces secrets de famille sont enfouis (pour le pire pour la victime et pour le meilleur des salauds). Donc je ne me suis pas (ou disons pas tout à fait) laissée piéger : non, "on" ne m'en voulait pas parce que j'aurais profité financièrement d'une injustice de Margot en faveur de sa fille chérie ma mère mais... pour tout autre chose... à laquelle je n'étais pour rien. Mais piégée je le fus tout de même un peu en raison du curieux phénomène de l'oubli... intermittent et sélectif.. et à la base de l'amour (que DE TOUTES MANIERES JE PORTAIS A JOSETTE).
* Frère et sœur étaient engagés maquis- résistance (plus modestement pour ce qui est de la sœur, ma mère)... tandis que Josette, commerçante de toujours, clientèle oblige, était plutôt sourires-à-tous y compris pour la cliente (devenue amie) compagne quasi officielle d'un occupant nazi en 40.
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Le secret favorise toujours les agresseurs
Question de fond : si j'avais ignoré l'histoire, qu'aurais-je pensé de cette haine qui, à la mort de ma mère, déferla (ou plutôt s'exprima) soudain contre moi avec une telle virulence? Que j'étais coupable, forcément.. mais de quoi? mystère mais quand on cherche (on se torture) on "trouve" .. coupable de quelque chose ! donc durablement traumatisée. Ce ne fut pas (trop) le cas : par chance je "savais" ou du moins j'avais fini par deviner ce "quelque chose" dont on ne devait pas parler et qui ensuite, longtemps après, (peu avant sa mort !) me fut confirmé directement par ma mère, c'était d'une simplicité biblique : ma tante Josette que j'aimais tant, belle, gentille, généreuse avait été l'amie proche d'une collabo avec laquelle elle prenait le petit déj tous les matins.
[Quand il ne fallait pas que les enfants comprennent, les deux excellentes femmes qu'étaient Marguerite (ma grand-mère) et Josée sa sœur passaient automatiquement en VO -en occitan-... si bien que mes oreilles se dressaient immédiatement ... et que petit à petit, je compris, et l'occitan et, plus important, ce que je ne devais pas savoir (!), du moins à demi car même en VO elles codaient un peu leurs propos. Cela donnait :
- Ce n'était pas de sa faute, cesse de parler de ça!"
- Bien sûr ! une collabo ! sa meilleure copine !"...
- Mais elle était si jeune... elle ne savait pas... elle ne se rendait pas compte de ce que cette femme... faisait... enfin... était... représentait.."
-Ah oui ? C'est toi qui dis ça Margot? 18 ans c'est l'âge où ton fils a pris le maquis ; lui, il savait.. Et au même âge, Josette, elle, ne savait pas ! Pauvre petite commerçante qui faisait son fric avec cette.."
-Bon, arrête! la guerre est finie maintenant, ils sont amoureux, heureux, ils ont eu David.. ça ne nous regarde plus à présent, c'est le passé.."
- Oh oui, comme c'est commode !! Un enfant, un fils, et le tour est joué. Je vais te le dire Margot, ça ne change rien à ce que sa mère a été l'amie d'une collabo... et David, je ne peux pas l'aimer comme j'aime Léna... Et ne me dis pas le contraire, ne fais pas ta commerçante, ton hypocrite, je sais très bien que toi non plus. Ah oui ? La guerre est finie... il faut oublier... ne pas ressasser comme je fais.. Ça dérange ! Tu oses dire ça, tu n'as pas honte? Et à propos, tu te souviens peut-être, le fiancé de Lydie, tu sais, ta fille... donc ton presque gendre.. comment il va, lui ? Il est ressuscité ? Ah non, suis-je bête, il est toujours mort, c'est idiot.. et tu dis qu'il faut oublier" etc etc..]
Donc... Un homme était mort qui aurait dû vivre... ma gentille tante toujours souriante avait eu une amie collabo ... ma mère et apparemment ma grand-tante ne pardonnaient pas... (mais Marguerite et bien sur Luc -mon oncle-, si).. je reconstituai le puzzle par morceaux, petit à petit (puis dans sa totalité, longtemps après.) Je compris à cette occasion que les "grands" n'avaient pas toujours raison contrairement à ce qu'ils assuraient aux "petits", la preuve : ils n'étaient pas d'accord sur la conduite à tenir.
Puis j'oubliais aussitôt : de telles vérités étaient trop dérangeantes : j'aimais tous ces personnages, certains presqu'à égalité. De la même façon, il n'est pas exclu que Josette aussi ait "oublié" de temps en temps sa haine (et de fait ait parfois apprécié Lydie, cette belle-sœur abhorrée... qui cependant était là lorsqu'il le fallait, lorsqu'il fallait aider son fils par exemple etc...) Une haine cachée certes mais intermittente. De même il est probable que j'ai tout de même été aimée... de manière tout aussi intermittente (car petit à petit la jalousie -je réussissais mieux que mon cousin à l'école- s'y mit). De même, j'oubliai ces discussions dérangeantes de Margot et Josée (que cependant je suivais à l'époque et même que je tentais de poursuivre par ailleurs, prêchant parfois -avec Lydie- le faux pour savoir le vrai -et ça marchait-) ... ces discussions qui ne me revinrent en mémoire que longtemps après... tout comme j'oubliai qui m'avait appris à lire (une interdiction absolue de Lydie) alors qu'à l'époque je le savais. (En quelque sorte, j'avais voulu l'oublier ... mais je l'oubliai au delà de ce que j'avais voulu!)
Ce type de phénomène est identique à celui qui, (pour ce qui est de graves maltraitances, surtout si elles ont lieu avant 3 ans) fonde les victimes à se taire... voire à nier, sincèrement.. ou non ! alternativement, de temps en temps (c'est à dire à une quasi schizophrénie !! -qui les décrédibilise-.) Tiraillées entre deux vérités d'évidence (ici : "ma tante est une femme que j'aime infiniment et qui le mérite"... et "ma mère et Josée ne se trompent jamais et méritent encore davantage, mon amour") la victime choisit l'alternance ! Un coup oui (ma mère a raison, -on ne peut se fier à Josette, menteuse et un peu hypocrite comme beaucoup de commerçants-)... un coup, non -ces histoires de collabo n'ont jamais existé, elle ne devait pas savoir, et puis zut, j'oublie- .. jusqu'au moment où l'oubli devient réel et total, définitif et irrattrapable (j'oublie que j'ai oublié).
J'ignore réellement (depuis combien de temps ? depuis toujours me semble-t-il, ce qui est forcément faux) qui m'a appris à lire alors qu'à l'époque où je savais qu'il ne fallait pas le dire, évidemment je le savais!
Suite ici
http://journalphilosophoque.blogspot.fr/2016/01/attention-mecs-blackboules-danger.html