mercredi 2 mars 2016

Comment naquit le fou

Il était une fois une famille bien sous tout rapport, élégante et aimable... à condition de faire partie des ''leurs'' (comme ils disaient, c'est à dire de leur communauté) où cependant les mots voulaient dire ce qu'on voulait qu'ils disent et au moment où on le leur ordonnait, cela variait à l'infini. Ainsi une table pouvait être un éléphant et redevenir table -ou phoque- l'instant d'après. Même les choses variaient selon ce qui ''leur'' convenait (ou convenait à un seul, en principe le Chef, en principe le plus riche ou encore celui qui était copain avec ''Ari'' -un shtroumpissime de renom-) ; ainsi un acte pouvait-il devenir un autre -et tout le monde confirmait avec force-.. par exemple ''couper un arbre'' pouvait vouloir dire ''ne pas le couper'', (le préserver), ou ''parler en arabe'' pouvait vouloir dire ''parler en français'' etc.. Tous ceux qui s'attachaient bêtement au dictionnaire étaient considérés comme des incapables voire légèrement marteau. "Ils" étaient cependant relativement conciliants, il faut de tout pour faire un monde, quoiqu'évidemment ils auraient préféré être seuls sur terre (avec leur communauté).. mais il fallait bien quelqu'un/e pour s'occuper des bébés, laver la vaisselle, le sol et nettoyer les WC (car contrairement à ce qu'on aurait pu penser, ils faisaient caca).

Compliqué ? Non, entre eux, ils s'entendaient fort bien, du moins l'affirmaient-ils (évidemment, avec les mots, on ne pouvait jamais être sûr.) Mais lorsqu'un ''étranger'' survenait et s'y perdait, voire refusait de lâcher l'affaire et s'énervait -un bizarre, un excité- tout le monde lui tombait dessus. Pensez ! quelqu'un pour qui LES MOTS AVAIENT TOUJOURS LE MÊME SENS et qui persistait dans cette impensable assertion était très contrariant -on ne pouvait plus dire qu'on avait préservé un arbre si on l'avait abattu, qu'on avait gardé la bonne si on l'avait renvoyée.. Il fallait donc le virer, le décrédibiliser.  
C'est ainsi que naquit le FOU.

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