Au jour le jour, politique (?), amours, haines, brocards et fantaisies
dimanche 25 octobre 2015
Shlomo Sand ou Marie Chantal chez les zoulous
Lettre de Shlomo Sand (historien israélien) à Andre Tadief, (politologue.)
"Je viens de lire ton article dans le Monde du (..) et, une fois de plus, je suis stupéfait ! Lorsque nous nous sommes connus, dans les années 80 au siècle dernier, j’avais la plus grande estime pour tes travaux investiguant les fondements du racisme théorique, dans la France de la deuxième partie du 19 ème siècle. ... tes apports dans l’analyse et la déconstruction de la judéophobie qui a, effectivement, joué un rôle de tout premier ordre, dans la constitution d’une partie des identités de l’Hexagone ... jusque vers le milieu du 20ème siècle. Toutefois, depuis quelques années... j’ai de plus en plus de mal à te comprendre ... affirmer que la judéophobie demeure hégémonique en Occident... et se faire, en en même temps, le défenseur inconditionnel du sionisme et d’Israël me laisse très perplexe..."
----
Moi : "Oui la judéophobie demeure hégémonique et même s'accroît et surtout se décomplexe : par le biais du révisionnisme, tout simplement, par les pinailleurs stipendiés ou non qui se font volontiers (sans jamais rien lâcher) les experts comptables des morts des camps avec une indécence de boutiquiers confinant à la cruauté... sachant fort bien (par exemple) comment "ça" s'est passé (les crémations) mais feignant de l'ignorer sur le mode "mais voyons expliquez moi comment a-t-on pu brûler tant de cadavres dans de si petits fours, c'est impossible, on n'y cuirait pas trois pains au chocolat" etc... (en réalité, ils ont été brûlés dehors après de nombreux essais erreurs minutieusement décrits par JF Steiner dans "Treblinka".. un brasier continu qui brûla des semaines entières sans jamais faiblir et obscurcit le ciel de toute la région..)" Voir le dossier "Lettres à un notable de province antisémite."
----------
En vérité, tu as baissé ... estime lorsque tu as soutenu ... la guerre de Bush contre l’Irak, et lorsque tu as exprimé une sympathie manifeste pour "La rage et l’orgueil", le livre islamophobe d’Oriana Fallaci (dans lequel, il est écrit, notamment, que les musulmans "se multiplient comme des rats").
--------
1° On se fout de ton estime.. et ce type d'article pour potes initiés est inacceptable : ou on écrit pour un seul, ou on écrit pour tous, mais il ne faut pas que le lecteur ait l'impression de regarder un spectacle chic et choc qui ne lui est pas destiné, pauvre type qu'il est, et de surcroît par le trou de la serrure. Question de forme, importante. Habituellement après une phrase comme celle-là, on arrête la lecture. (J'ai continué parce qu'un pote m'avait dit trouver l'article bien.) 2 ° la guerre contre l'Irak. Oui. Pour moi a une histoire assez complexe : j'écrivais au même moment "Noces kurdes" et, opposée à cette tuerie, (pacifisme oblige), mais sans beaucoup de conviction, (en raison notamment du massacre des kurdes gazés à Hallabja) j'ai au départ fait UNE manif contre à Nîmes... et entendu "MORT AUX JUIFS"... Certes il s'agissait d'un groupe marginal mais tout de même, les tronches ne donnaient pas envie de défiler à leurs cotés voire donnaient carrément envie de leur foutre sur la gueule.. (et que venaient faire les juifs là dedans?)... Mon opposition s'effilocha donc et vola en éclat (sans tambours ni trompettes.)
Quant au livre de Fallaci, en effet il est un peu gênant sur la forme, (pas beaucoup plus que cet article) il m'en souvient.. mais féminisme oblige, je n'ai pas fait d'infarctus à sa lecture. Et pas plus gênant que les propos de certains révisionnistes qui sonnent partout sans que même l'on ne les relève. Privilège de l'âge, elle n'était plus toute jeune lorsqu'elle l'a enfanté et de surcroît gravement malade. Peut-être en effet aurait-elle dû s'en abstenir pour finir plus joliment.. De toutes façons, on n'a pas le choix qu'entre deux termes : judéophobie ou islamophobie !!! je revendique la bi sexualité en somme comme concept avec la religiophobie... Je serais islamophobe ? Oui comme religionophobe, cette religion-ci étant peut-être la plus emmerdante parce que son texte fondateur se donne pour loi (civile) ce que depuis longtemps les autres ne font plus, soit ouvertement (séparation de l'église et de l'état) soit de fait (Israël où la situation des femmes, si on excepte les hassidins moqués plus ou moins par tous, est à peu près celle des pays occidentaux voire meilleure ou disons moins pire, et ça compte -lorsqu'on est femme et même si on ne l'est pas : un syndrome.)
----------------
Tu sais bien que la haine envers celui qui est un peu différent, et que l’imaginaire apeuré face à celui qui affiche une singularité, ne se limitent pas aux émotions stupides de gens incultes, situés au bas de l’échelle sociale. Tu sais bien que cela n’épargne pas les classes sociales bien éduquées. Durant la période tragique pour les juifs et leurs descendants (1850-1950), le langage judéophobe ne se donnait pas uniquement libre cours dans les faubourgs populaires, mais il s’exprimait aussi dans la haute littérature, dans la philosophie raffinée, et dans la grande presse. La haine et la peur des juifs faisaient partie intégrale des codes culturels, dans toutes les couches de la société européenne.
---------
J'adore "émotions stupides de gens incultes situés au plus bas de l'échelle sociale" !!! on voit tout de suite à qui on a affaire. Classe ! Ou plutôt cela con firme.
Mais ces "émotions", fussent-t-elles "littérarisees" ou non, elles en font toujours partie mon cher, des codes culturels de la société française que visiblement vous ne connaissez pas, du moins de l'intérieur, voir lien !! (Ce texte est visiblement écrit par un intello optimiste qui ne voit pas ici la réalité telle qu'elle est)... Venez un peu trois jours ici, écoutez ce qui se dit dans des troquets ou parmi le GRATIN Lyon's club, "académie cévenole" etc.. et votre position changera notablement.
------------
Cet état de fait s’est, fort heureusement, modifié dans les années qui ont suivi la fin de la seconde guerre mondiale. Et si, bien sûr, il subsiste encore des préjugés à l’encontre des descendants imaginaires des meurtriers de Jésus Christ, il n’en demeure pas moins que, dans le monde occidental : de Los Angeles à Berlin, de Naples à Stockholm, de Buenos-Aires à Toronto, quelqu’un d’ouvertement judéophobe ne peut plus être journaliste ou présentateur à la télévision, ni occuper une place dirigeante dans la grande presse, ou encore détenir une chaire de professeur à l’université.
------
!! Et Rassinier, il n'était pas prof en chaire ? Et Soral, il n'avait pas de tribune, du moins avant (peut-être qu'enfin il a trop exagéré, je ne suis pas de près la carrière du bonhomme).. Et des histrions que je ne citerai pas, condamnés pour incitation à la haine raciale, n'ont-ils pas une véritable cour de fans déniant tout antisémitisme de leur part (c'est juste des blagues contre X ou Y.. il faut de l'humour que diable?) Si parfois ils sont épinglés c'est parce qu'ils ont dit ouvertement ce que d'autres pensent, séides ou confrères... mais, pour ces derniers, carrière oblige, taisent... sauf lorsqu'ils se lâchent en privé et là on a des surprises... L'antisémitisme se décrypte a minima, mais facilement (voir lien) et parmi de braves gens, relativement cultivés, sympas, bons pères, et bons fils, bons époux et excellents potes, savez-vous? Cathos pratiquant donnant au secours catholique ou même populaire.. "Seulement les juifs que veux-tu, note que j'ai rien contre eux, mais tout de même..."
---------
En bref, la judéophobie a perdu toute légitimité dans l’espace public.
---------
Non !! Elle se dit autrement et il est curieux que vous ne l'ayez pas remarqué car tout de même ça se voit. Notez que ici vous êtes peut-être victime d'un phénomène banal (jamais analysé) qui fausse toute votre vision comme celle des racisés en général : le raciste est quelqu'un qui a peur, qui fantasme l'autre comme supérieur sur un point quelconque (intelligence, puissance sexuelle, sens des affaires, beauté plastique etc...) si bien que paradoxalement devant son ennemi, il se sent en faiblesse et en certains cas va se montrer aimable voire quasi obséquieux (il est fort, faut faire gaffe) et puis il a peut-être honte de son racisme, sentant qu'il est issu de sa propre insuffisance. Donc il rampe. Le raciste n'est pas un héros mais un lâche. Cette humiliation qu'il s'est infligée à lui même le met en rage (cachée)... si bien que le racisé souvent n'a AUCUNE CONSCIENCE du racisme dont il est l'objet.. Mais ensuite hors de la présence de l'ennemi, le raciste va se lâcher.. mais alors carrément, aussi violemment qu'il s'est aplati devant lui. Une femme mariée avec un juif par exemple (cela vaut dans n'importe quel sens et pour n'importe quel racisé, arabe, noir etc..) subira donc elle des avanies qui ont été épargnées à son mec (au contraire flagorné)... cause infinie d'incompréhension dans un couple ("ils sont si sympas tout de même comment peux-tu les snober"..) C'est ce que l'on ressent à la lecture de ce texte, mais qui en plus se donne pour l'universel.. L'auteur semble sous influence de l'illusion de "tout va bien céplucommeavant".. c'est à dire en le cas de la perversité des antisémites qui la ferment devant leurs ennemis mais non devant d'autres (s'ils se sentent en force) et surtout devant leurs "associé/es" (amicaux, amoureux etc.. ) qui les ont forcés à "les" fréquenter.
-----------
L’antisémitisme de Barrès, de Huysmans ou de Céline n’est plus admis dans les cénacles littéraires, ni dans les maisons d’éditions respectables du Paris d’aujourd’hui.
---------
Respectable? Je ne crois pas me souvenir que Gallimard ou Denoel aient été condamnés pour avoir publié "Bagatelle pour un massacre". Tout au plus leur a-t-on interdit de le rééditer et encore est-ce la femme de Céline elle-même qui s'y est opposée.
"L'école des cadavres" est certes interdit, comme "Bagatelle pour un massacre"... "L'amant de Lady Chaterley" est souvent censuré (pas dans le livre parlé) ... mais Agathe Cristie ne l'est pas... pas plus que Shakespeare ("Le marchand de Venise"). Qui s'en émeut? Manque de connaissance évident de l'auteur qui visiblement n'a jamais approché ces textes certes plus soft que Céline mais tout de même ! Juste une phrase au hasard... c'est tout... "ce sale juif qui"... "cet abominable juif qui"... (c'est le narrateur qui parle évidemment et on passe.. ce n'est pas le sujet essentiel sauf chez Shakespeare) non mon cher couillon, ce n'est même pas censuré la plupart du temps...
---------
Le prix à payer pour la disparition de cette "belle haine" ( pour user d’un qualificatif de l’antisémitisme en vogue , il y a un siècle), fut, comme l’on sait, très élevé. De nos jours, la "belle haine" est effectivement tournée vers d’autres gens, et nous ne savons pas encore quel en sera le prix.
--------
Sans objet, on ne sait pas de quoi il parle.. de ce qu'il appelle islamophobie? Voir plus loin.
-----------
Cela ne veut pas dire qu’une hostilité à l’encontre des juifs n’existe pas aux confins de la société, parmi des marginaux issus de l’immigration venant du monde musulman.
-------
Le renard pointe encore sa queue et elle est énorme. J'adore "aux confins".. Si ça ne classe pas le bonhomme !!!
--------
Dans des cités-ghettos, certains jeunes, qui n’ont pas ingurgité la judéophobie chrétienne multiséculaire, sont, malheureusement, à l’écoute de quelques imams délirants ou de gens comme Alain Soral ou Dieudonné. Comment combattre cet inquiétant phénomène marginal ?
--------
Marginal? marginal? !!! On voit bien qu'il n'y est pas ! Mais c'est vous qui l'êtes mon cher : ici il n'est pas dans un groupe au moins un jeune qui se dit et qui est ! parfois un peu intello (ou disons que cela me semble la règle quasi absolue), qui ne cite Dieudonné avec délices et marade au point que lorsque vous vous affirmez par exemple contre la GPA, on vous demande tout de suite si vous avez vu le sketch de celui-ci ... il ne leur vient pas à l'esprit que vous puissiez être contre la GPA sans l'avoir vu, c'est leur maître à penser indiscuté, le point de rupture absolu.. On n'est plus antisémite, mais dieudonniste. Ouvrez les yeux !
--------
Faut-il, comme tu ne cesses de le faire, justifier la politique menée par Israël ? Faut-il, comme tu t’y emploies également, nier que l’islamophobie a, effectivement, remplacé la judéophobie, et jouit d’une légitimité croissante dans tous les secteurs culturels français ?
--------
Aucun rapport. Je ne justifie pas la politique d'Israël évidemment, mais l' "islamophobie" (le mot est gênant car souvent servi chaud pour justifier les réactions hyper violentes d'intégristes musulmans contre par exemple les caricatures de Mohamed, réactions taclées à juste titre par des religiophobistes ou simplement laïques-laïcistes voire des libertaires, vous et moi.) Le concept d'islamophobie est controuvé pour la circonstance et ne recoupe rien. La judéophobie en revanche qui a coûté six millions de gens a pour cela ses titres de "noblesse" indiscutables. Ne pas mettre dos à dos un brave puceron (grossi au microscope à forte résolution) et un troupeau de rhinocéros en charge SVP.
-----------
T’es-tu demandé quels livres ont été des best sellers ces derniers temps : des pamphlets ou des romans contre les juifs, comme à la fin du 19ème siècle, ou bien des écrits qui ciblent les immigrés musulmans, (et cela ne se limite pas à Houellebecq, Finkielkraut et Zemmour) ? Quels partis politiques ont le vent en poupe : ceux qui s’en prennent aux anciens sémites d’hier, ou ceux qui affichent leur rejet des nouveaux sémites d’aujourd’hui, et au passage, ne tarissent pas d’éloges sur la façon dont Israël traite les arabes (Marine Le Pen n’est pas la seule concernée!).
----------
On voit tout à fait que vous n'avez pas vu ni lu les propos tenus (évidemment en privé) de Le pen sur les juifs..
Quant à tacler la soi disant islamophobie, cela complique considérablement les choses puisque c'est justement au nom de l'Islam quelque fois (souvent) que l'antisémitisme le plus décomplexé qui soit s'exprime en franches marrades (et non plus en effet au nom du christianisme, là dessus on est d'accord, il a changé de cheval de bataille..) Soit directement (par des husulmans, je laisse! intégristes ou assimilés) soit indirectement (par des antisémites qui cherchent un tremplin honorable pour vomir leur haine : en leur nom propre ? fi donc ! non, évidemment, au nom des palestiniens dont ils se font les ardents défenseurs (et dont ils se foutent comme de leur première vérole par ailleurs) mais ça fait plus chic que la référence à Hitler.
--------
Et cela m’amène au dernier point, qui m’a le plus indisposé, dans ton article.
---------
On se fout de tes indispositions coco, prend du largactil et fiche la paix.
--------
De mon point de vue, la principale caractéristique de la judéophobie parmi les groupes marginaux de banlieues est l’identification dangereusement erronée entre : sionisme, Israël et juifs. Or, c’est précisément ce que font, sans relâche et sans distinction, les dirigeants d’Israël, le CRIF…. et toi. Les voyous de quartier ne sont pas devenus judéophobes uniquement sous l’effet de prêches venimeux prononcés par des démagogues. Il y a à cela bien d’autres causes : et notamment, l’identification constante des institutions juives officielles avec la politique israélienne. Pas une seule fois, le CRIF n’a émis la moindre protestation face à l’oppression subie par la population palestinienne. Et qu’on ne vienne pas nous parler de "diabolisation d’Israël" ; Israël se diabolise lui-même chaque jour !
-------
Et re et re ! Mais les loubards de banlieue antisémites que je connais, (moi !) pour les avoir parfois fréquentés, n'ont même pas l'idée de ce qu'est le Crif ni Taguief ! C'est une grotesque aberration d'intello jamais sorti de sa bibliothèque que de leur conférer une pensée raisonnée, fût - elle fautive. Ils SONT antisémites et n'ont pas besoin pour cela de référence de sionistes, distingués ou pas. Ils ne discutent pas, savez-vous? Ils cognent. Embrigadés? sans doute en effet. Mais sans vraiment de logos. Leur logos, c'est le racisme qu'ils subissent, la pauvreté, l'indigence intellectuelle et les poings ou le shlass.
---------
Comment un Etat considéré comme une démocratie occidentale peut-il, depuis bientôt cinquante ans, dominer un autre peuple, et lui dénier tout droit politique, civique, syndical , et autres ? Comment dans une ville–capitale démocratique, où des intellectuels français ont fondé un institut Emmanuel Levinas, de philosophie et d’éthique juives, un tiers de la population, qui y a été annexée de force en 1967, se trouve t’elle encore privée de tout droit politique, et exclue de toute participation à la souveraineté ?
--------
On est d'accord.
------
Et par delà tout ceci : que signifie être sioniste, aujourd’hui ? Simple est la réponse : soutenir Israël comme Etat des juifs. Comment un Etat à prétention démocratique, peut-il se définir, non pas comme la République légitime de tous ses citoyens israéliens, mais comme un Etat juif, alors même qu’un quart de ses citoyens ne sont pas juifs ? Es-tu capable de comprendre que l’Etat « juif », qui t’est si cher, appartient plus, en principe à ceux qui en France se disent juifs, qu’aux étudiants palestino-israéliens à qui j’enseigne l’Histoire à l’université de Tel-Aviv ?
--------
Idem.
Article suivant associé (réponse d'un jeune lecteur et ma propre réponse)
http://journalphilosophoque.blogspot.com/2015/10/lettre-ouverte-un-jeune-antisemite-soft.html
Dossier
http://journalphilosophoque.blogspot.com/2015/10/antisemitisme-jeune-dossier.html
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire