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mercredi 25 novembre 2015
La croix rouge, le meilleur et le pire
Le caritatif, le meilleur et le pire, exemple,
Note liminaire : il n'est nullement question ici de remettre en cause ses mérites lors d'événements graves, les vies sauvées, le prix qu'ont payé certains humanitaires parfois, les dénonciations courageuses d'horreurs qui de fait ont, non pas cessé mais se sont atténuées (si l'on peut dire.) Mais il est question du fond du caritatif vu à travers le quotidien d'une institution ou du moins d'une antenne (ici la croix rouge) qui le révèle parfois de manière dramatique et/ou burlesque. C'est le principe de la théorie (servir) et la pratique (abaisser) qui ici devient carrément contre vérité parfois. Servir (la profession de foi) et en fait humilier (la pratique dans certaines antennes) voire se servir : gloire et honneurs, sur le mode de "regardez comme je suis bon et généreux et fermez vos gueules bandes de minables".
Premier point ; les antennes semblent indépendantes ce qui constitue à la fois un avantage et un aléa, avantage parce que chacun/e peut gérer au mieux les problèmes spécifiques de son district, tous différents et d'urgence plus ou moins cruciales. Inconvénient parce que certaines peuvent gravement dysfonctionner (autoritarisme, harcèlement de bénévoles, sélection de clients et de personnel c'est à dire éviction de facto de certains, dépenses inconsidérées par décision unilatérale d'un/e seul/e responsable etc voir plus loin...) sans apparemment que rien ne soit transmis ni même pointé et nous allons voir à quel point.
Ce sont les certes aléas du bénévolat : comment "gérer" des bénévoles? Comment éventuellement empêcher certaines dérives? et cela à tout niveau de la hiérarchie, y compris au plus haut (un/e responsable n'étant pas exempt de dérives lui/elle aussi). Sauf que celui-ci n'est pas contrôlé ou fort peu : ainsi de petits autocrates parfois manipulateurs ou incompétents règnent-ils parfois sans contrôle, servis par une cour recrutée au pied sur le critère de sa soumission et non celui de sa compétence. Qu'il y ait dysfonctionnement dans ce type d' "équipe" va de soi, ce n'est même pas un dysfonctionnement mais un fonctionnement particulier, autocratique tout court (qui souvent va de pair ou permet la corruption.)
Bénévoles ! le maître mot. On l'entend un peu trop dans certaines antennes, celle de Saint Ambroix par exemple. "JE SUIS BÉNÉVOLE, JE NE SUIS PAS PAYÉ/E ALORS".... sous entendu, (si j'ose), "ta gueule" (ce qui parfois est quasi ouvertement formulé). Que cela s'adresse à de simples "clients" ou pire, à des bénéficiaires*, "on" n'a rien à répondre si ce n'est d'admirer le dévouement de ceux qui n'écoutant que leur générosité font don de leur personne, de leur travail à des gens qui... sonnez trompettes. Étonnamment, ceux qui parfois (ce n'est pas la majorité) se comportent ainsi sont eux-mêmes des bénéficiaires (donc à la fois bénéficiaires et bénévoles, ce qui en soi semble pourtant une bonne chose.) Qu'est-ce à dire ?
Anecdotique ? Non. Un problème de fond. Qu'on regarde seulement les images du site de l'institution : ce sont la plupart du temps celles du misérabilisme le plus zolien, une femme ou plus rarement un homme, noire ou musulmane (voilée pour qu'on comprenne bien) assise à terre, épuisée, désespérée, avec une ribambelle d'enfants tout autour, entourée de cartons éventrés... et dos à dos, une blanche en blanc, belle, souriante, stéthoscope au cou, ou une jolie fille avec gilet croix rouge penchée, attentive, sur un dossier, une radio, que l'autre (la femme noire) regarde avec reconnaissance : le MODÈLE, le concept même du professionnalisme, du dévouement, de l'espoir-malgré-tout... c'est à dire de la supériorité blanche associé au concept même de déréliction.. noire. Toujours dans ce sens -du moins à ma connaissance-. Aimeriez-vous être cette femme noire? Que pense-t-elle en se regardant ? Sans doute rien parce qu'elle ne se verra jamais. A moins qu'il ne s'agisse de montages avec des actrices, ce qui serait mieux mais encore plus révélateur. L'allégorie de la Misère et de la Bienveillance. Il faut peut-être l'avoir vécu, même très provisoirement, pour le saisir dans toute son abjection.
C'est arrivé en 2002 lors des inondations à Anduze. Sale, hirsute, épuisée, (nous avions passé deux jours à pelleter la boue -toxique- qui avait envahi le jardin sur 40 cm, dégagé des objets, le tout paradoxalement sans eau, -un litre par famille seulement nous était imparti- le Gardon, bien que clair, étant pollué par les déchets qu'il avait charrié dont des cadavres d'animaux, sans électricité ni téléphone, réservé aux urgences) et à bout de forces je remontais un ballot de linge boueux que j'avais tenté de rincer à la rivière pour ensuite le désinfecter au soleil (nous n'avions plus rien de sec à nous mettre sur le dos) je remontai donc péniblement un ballot de linge mouillé pesant un âne dans la montée abrupte et glissante des berges dévastées... lorsque j'ai vu des gus tout en haut, propres, impeccables, avec caméra et téléobjectif, qui me filmaient ou me photographiaient! Comment avaient-ils réussi à passer? (A pied depuis le barrage, les voitures ne passant plus.)
Non lavée depuis deux jours, à peine coiffée, vêtements boueux en loques, les traits éprouvés par le froid et les nuits presque sans dormir... et ces cons qui me filmaient comme un animal de foire ! un sentiment d'humiliation et de révolte absolument inénarrable m'envahit. Comment se permettaient-ils (sous prétexte de nous aider, de susciter sans doute la compassion, d'obtenir des secours peut-être, ou qui sait? pour se valoriser eux, un cliché, un scoop à vendre, tout se peut) comment se permettaient-ils de nous prendre en photo sans rien nous avoir demandé et dans cet état ? De diffuser peut-être ensuite le cliché ? Je n'ai rien pu faire, comment courir derrière eux, leur arracher leur appareils photos, j'étais trop bas, dans tous les sens du terme, impuissante. J'ai quand même eu la force de hurler ma colère, ce qui je pense n'a nullement empêché les clichés, si bien que mon image courbée, m'accrochant aux arbustes d'une main, tirant mon ballot de l'autre, défigurée de rage doit se trouver quelque part, prête à ressortir pour peut-être leur pub..
Quelle différence avec celle de la femme noire de l'image? Aucune si ce n'est que pour nous (et j'espère pour elle mais sans certitude) la détresse était provisoire : le lendemain, la route était débloquée et des camions entiers de fringues, linge, couvertures, appareils ménagers, camping gaz, lampes etc.. parfois neufs, se déchargeaient devant chez moi ! dans la salle des fêtes de la mairie. Nous n'osions pas nous servir ("un pantalon et un pull suffisent pour chacun, mon appartement au premier est intact et d'autres rue basse ont TOUT perdu.. "Si si, allez-y ! prenez en plus, il y en a d'autres qui arrivent, il y en aura pour tous !" Le fait est que l'on fut encore longtemps avant de pouvoir laver.) Nous avions enfin figure presqu'humaine, on ne les intéressait plus, ils étaient partis avec leurs clichés.
C'est le paradoxe de tout travail social, encore accentué dans le cas du bénévolat : c'est un boulot où, palliant (mais parfois se nourrissant) de la détresse des uns, certains ne cherchent pas à la réduire voire cherchent à l'accentuer, la susciter, la renforcer ou même l'inventer.. tout en faisant mine de la combattre (image de la femme noire.) Tout bénéfice pour l'ego : un service rendu (incontestablement) à qui en a besoin en échange d'un gonflement immérité de l'ego, le deal est bénéfique... Soit. Pour les deux parties? Admettons, parfois, donc acceptable... Mais souvent il n'est bénéfique que pour une seule partie au détriment de l'autre (et en ces cas, la partie bénéficiaire est presque toujours la partie bénévole) et là, ça ne va plus.
On est dans un jeu de balance délicat, sur le fil du rasoir. Il est évident que tout travail y compris bénévole doit être reconnu à sa valeur, mais il est tout aussi évident que cela ne doit pas être le seul but poursuivi et qu'il ne doit en aucun cas servir d'exutoire, de faire valoir justifiant des attitudes de tout ordre, méprisantes, autoritaires, humiliantes... ou pire, de carte de visite ("je suis bénévole à azerty" se justifiait récemment un jeune accusé de harcèlement sexuel) c'est à dire s'exercer à rebours du but officiellement affiché. Blesser et non aider, ostraciser et non restaurer dans la dignité, se servir et non servir. Et cela arrive. Exemple.
Soit une antenne qui dysfonctionne gravement : accueil parfois "limite", (le recrutement est ce qu'il est et on "prend" parfois ce qu'on trouve), cris pour des vétilles voire pour rien, contre un "client", un bénéficiaire ou contre un autre bénévole, cela varie, détournements que l'on connait mais tait (pourquoi?)... Soit un/e bénévole qui indigné alerte ouvertement par lettre la responsable sur ces questions ... sans succès... Première question : POURQUOI?
Bien que mise à l'écart, la lanceuse d'alerte (deuxième question : POURQUOI ?)
... recommence à alerter... Idem, sauf que surviennent alors des brimades diverses (en plus de sa mise à l'écart de son poste qui déjà en constitue une) : on la fait sortir lors d'une réunion, d'autres bénévoles lui pourrissent la vie ...
Troisième question : POURQUOI?
Elle affirme alors qu'elle va avertir au plus haut...
Et que pensez-vous qu'il advint? Un étrange compromis. Deux bénévoles certes sont "mis à pied"... mais elle aussi ensuite ! Autrement dit, elle est sanctionnée pour avoir "alerté", bien que la mise à pied des deux bénévoles mis en question soit la preuve que la cause a été entendue... (!) sanctionnée donc pour avoir violé une sorte d'omerta implicite, dénoncé un/des détournements !
Qu'une cliente (par ailleurs auteure) écrive à la responsable une lettre seulement au sujet de l'accueil, voilà la faute majeure. Laquelle? La bénévole alerteuse a divulgué des "secrets", (secrets?) c'est elle qui est "complice" (c'est le terme exact employé dans la lettre de licenciement!) complice mais de quoi? d'écriture d'une lettre ! (jointe) qui redite ne fait état, et encore d'une manière humoristique que d'un dysfonctionnement mineur. Ici la Croix Rouge ou du moins cette antenne-là fonctionne exactement comme une secte : pour y entrer, on fait implicitement le vœu de se taire. Mais se taire sur quoi? Sur... tout ! L'important... et même le minime ne doit pas être évoqué, à la limite, il ne faut alors jamais parler à quiconque pour éviter qu'un mot malheureux ne s'échappe.. Cela vaut aussi pour les clients. Celle-là par exemple (l'auteure) doit être "refusée" ou au minimum accueillie de telle sorte qu'elle ne revienne pas.
Question : mais bigre ! quels sont ces secrets apparemment si importants, si jalousement gardés... au point qu'une bénévole ancienne et efficace est exclue pour avoir "parlé" ? Mais parlé de quoi? De l'accueil ? Mais il est visible. Audible parfois. Ce n'est pas un secret ! Alors? parlé de quoi? De détournements? La lettre n'y fait aucune mention!... Ces préoccupations semblent étranges : cela ne revient-il pas à casser le voyant rouge d'une voiture indiquant la surchauffe du moteur au lieu de s'arrêter, de voir ce qui se passe et de rajouter de l'huile ou de l'eau? Pourquoi cet impensable retard à ouvrir les yeux? Le refermement d'un groupe sur lui même et l'extrême susceptibilité quant à ce qui peut en filtrer à l'extérieur semblent toujours d'assez mauvais augure. Il y aurait quelque chose à cacher (dans cette antenne au moins)?
Le reste est différent : lorsque des bénéficiaires (les gens particulièrement dans la détresse) viennent pour attendre leur "panier", ils sont assis dans un couloir et on passe devant eux pour atteindre le premier étage. Certains gênés tournent la tête pour qu'on ne les reconnaisse pas (dans un village c'est particulièrement flagrant..
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